14 propositions pour remplacer les « Dépêche-toi » et autres « Moi, je m’en vais ! »
Tandis que nous sommes préoccupés par nos plannings et nos objectifs, le petit enfant est bel et bien ancré dans le présent. Tandis que nous agissons avec des buts à atteindre à plus ou moins long terme, l’enfant expérimente à son rythme ici et maintenant. Essayons de préserver l’insouciance de notre enfant en respectant le plus souvent possible son rythme et sa notion du temps présent.
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Chanter
J’étais en remplacement et cela m’a brisé le cœur. Je me suis donc occupée d’elle au moment de mettre chaussures et manteau avant d’aller en recréation : pour la motiver à s’habiller, j’avais inventé une petite chanson avec son prénom et les étapes à suivre pour pouvoir ensuite aller jouer.
L’idée était de personnaliser la chanson sans poser une étiquette négative sur elle, de lui montrer comment s’y prendre (d’abord les chaussures puis le manteau, le bonnet, l’écharpe et enfin les gants) et de lui faire comprendre qu’elle aurait plus de temps pour jouer en s’habillant plus vite.
Et, en tant qu’adultes, quand on chante, on ne s’énerve pas :-).
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Faire la course
J’aime bien en rajouter. Dernièrement, j’ai eu un accident de mur (j’ai malencontreusement foncé dans le mur en position girafe arrière…).
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Poser la question : De quoi as-tu besoin avant d’y aller ?
Je lui ai demandé ce qu’elle avait envie de faire avant de partir. Elle m’a répondu : « Un dernière technique pour poser les rails ». Je lui ai dit « d’accord » tout en lui précisant que je commençais à m’avancer vers la sortie. Elle a donc fait sa construction, me l’a montrée de loin et a rangé les rails.
Je l’ai attendue sur le perron de la pharmacie en mettant mon bonnet et mes gants histoire de lui montrer que j’étais bien sur le départ tout en l’attendant. Nous sommes reparties tranquillement en parlant des circuits de train et des techniques qu’elle avait utilisées pour construire son circuit.
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Mettre le minuteur/ prévenir à l’avance
Parfois, je le règle en disant « Dans 5 minutes, on y va », parfois je lui demande de combien de temps elle a besoin pour finir son activité (quand je sais que nous sommes moins pressées).
Plusieurs types de Time Timer sont disponibles sur Amazon :
Vous pouvez aussi vous aider d’une horloge à aiguille (« quand la grande aiguille sera sur le 6, on y va ») ou un cadran numérique (« quand tu verras le nombre 30 à droite, on y va »). Mais cela peut aussi se compter en nombre de tours de toboggan etc…
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Réfléchir les sentiments de l’enfant
On peut reconnaître le sentiment de l’enfant en lui disant que oui, c’est agréable de jouer au parc et qu’on comprend qu’il n’ait pas envie de partir.
Je comprends que tu ne veuilles pas mettre ton manteau.
Tu as le droit d’être en colère parce que tu ne veux pas partir.
Je vois bien que tu t’amuses et que tu préférerais rester.
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Parler de nos sentiments
Je suis nerveux(se)/impatient(e)/ irrité(e) quand tu traînes au moment de partir car j’ai besoin de respect/ de soutien/ de compréhension. Je te demande de t’habiller dans les temps convenus pour arriver à l’heure.C’est le principe de la communication non violente :
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Se rapporter à une situation vécue par nous dans notre enfance
Je me suis alors mise à lui parler de ce que je faisais à l’école quand j’avais à peu près son âge, je lui ai raconté des anecdotes, je lui ai expliqué que, dans mon école, le même garçon arrivait toujours en retard car il regardait un épisode de La petite maison dans la prairie jusqu’à la fin avant de revenir en classe ! Il arrivait toujours avec une ou deux minutes de retard tout essoufflé car il avait absolument besoin de regarder l’épisode en entier ! Elle m’a posé des questions sur le garçon en question et sur la série; on n’a pas vu le trajet passer finalement !
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Proposer des choix et poser des questions impliquantes, engageantes
Il faut que tu mettes ton manteau pour aller dehors, mais tu préfères peut-être rester dans la maison ?
Il pleut dehors qu’est-ce qu’on met aux pieds quand il pleut ?
Tu as envie de passer par le chemin de l’église ou celui de la mairie pour rentrer ?
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Jouer
Vous pouvez lancer des défis à l’enfant sur le thème de « Je parie que… » : « Je parie que tu n’arrives même pas à appuyer sur le bouton de l’ascenseur avant que je finisse de mettre mes bottes. »
Il est aussi possible de proposer à l’enfant de le porter dans le dos, de faire le cheval, de jouer à la bagarre-poursuite…
A ton avis, qu’est-ce qui va le plus vite : le porté cheval ou le porté escargot ?
Et si on essayait le porté sac à patates ?
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Attirer son attention vers l’endroit où nous voulons aller
J’ai vu… là dehors.. on va voir ?
Viens vite voir, j’ai vu…
Est-ce que ça t’intéresse de voir… ?
Je crois avoir vu… est-ce que tu l’as vu aussi ?
Si on poursuivait le… que je viens de voir ? Il a tourné par là je crois…
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Entrer dans l’imaginaire de l’enfant
L’idée est de continuer à marcher tranquillement tout en parlant et en stimulant l’imagination de l’enfant. Le désir n’a pas forcément besoin d’être comblé mais d’être entendu.
Vous pouvez aussi noter la chose dont l’enfant a envie dans un carnet secret des désirs de Lou/Tom/ Léa/Hugo… Vous pouvez lui dire de garder cette idée dans sa tête pour Noël ou son anniversaire.
Je développe cette idée dans l’article L’imagination au service de l’éducation.
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Aider l’enfant à trouver une solution
Cela peut se passer dans le cadre d’un temps d’échange en famille par exemple. J’en parle dans cet article : Le temps d’échange en famille : un outil de discipline positive.
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Dire : « Je commence à m’avancer, tu me rejoins ? » (plutôt que « moi, je m’en vais »)
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Utiliser la formule « dès que tu es prêt(e) »
- ne pas imposer une contrainte ingérable pour le cerveau immature de l’enfant
- laisser du temps à l’enfant pour se préparer mentalement
- responsabiliser l’enfant
- permettre la poursuite d’activités ou de jeux qui participent au développement de l’enfant (concentration, socialisation, fonctions exécutives… selon le type d’activités en cours)
- rappeler à l’enfant que nous lui faisons confiance
Ces propositions restent de simples propositions issues d’expériences personnelles et de quelques lectures. Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive mais est plutôt à prendre comme une source d’inspiration :-). Elles peuvent bien sûr être mixées les unes avec les autres. Parfois, elles fonctionneront dans certaines situations, pas dans d’autres; avec certains enfants, pas avec d’autres.Mais l’idée principale reste de comprendre ce qui se passe dans la tête de l’enfant et de rester présent, attentif aux besoins, aux sentiments de l’enfant.
Quoiqu’il en soit, ces idées ne prennent pas plus de temps à mettre en œuvre que de faire face à d’énormes crises avec tapages de tête par terre et hurlements… parfois, perdre du temps, c’est en gagner !